Pour moi, toute chose a une fin, même la vie. Les corps embaumés et les tombeaux sont des natures mortes qui exhibent un passé glorieux qui se perpétue dans le futur et qui, pour nous, peut faire office de nature morte. L'embaumement La découverte de corps parfaitement conservés, dans des tombes que des pillages répétés depuis l'Antiquité avaient laissées ouvertes, a beaucoup frappé les premiers voyageurs européens en Égypte. Les récits de Thévenot, en 1664, de Pietro della Valle, en 1674, sont illustrés de gravures figurant, de manière plus ou moins réaliste, des voyageurs examinant des momies qu'on vient d'exhumer à leur intention. Et, de nos jours encore, ce traitement singulier des corps morts éveille la curiosité, peut-être inquiète, voire morbide, de nombreux visiteurs : en témoigne la fréquentation intense de la salle des momies, récemment rénovée, au musée du Caire. De fait, la contemplation de ces visages et de ces corps quasiment intacts sollicite fortement l'imaginaire. Je ne crois pas, cependant, que les momies égyptiennes nous renvoient à notre propre mortalité; elles nous restituent le visage et l'identité d'hommes et de femmes dont certains, morts parfois depuis plus de quatre mille ans, nous deviennent tout à coup singulièrement proches. Et ce face-à-face est une expérience fascinante. La mort et l'immortalité, encyclopédie des savoirs et des croyances, page 325